lipogramme sans "o"

Écrire sans eaux

Écrire sans ces eaux
N’est-ce pas là gageure
Digne des grands châteaux
Des plus fameux seigneurs.

Car il faut y puiser
Dans ce geyser de verve
Qui aide à deviser
Des déesses, Minerve
Vénus et Athéna
Et autres majestés
Plus près du bel Etna,
Humaines en beauté.
Afin de clamer haut
Le feu qui brûle en braises
Pareil à ces fléaux
Embrasant les malaises
D’infinis idéaux.

Avec ces quelques eaux
Il est aisé d’écrire
Demeurer à niveau
Mais sans, mieux vaut en rire.

Tel un nid pas "Patame",
J'allais entre deux eaux
Pénétrant à Paname
Par devant Palaiseau.

Le Nil charriant ses eaux
Jusqu'à l'île Madame
Mettait là, chez Billeau,
Les éléments du drame.

En glissant sur la lame
D'une vague écumante
Un scribe mit un calame
En chandelle fumante.

Arrivant en descente
Dessus la plage brune
Il vécu la mévente
Sur la dernière dune.

Vaincu par la rancune
De cet ultime échec
Il fuit vers la lagune
Vidangée par le cheik.

Ayant signé le chèque
Réclamé par sa tchèque
Il prend là la baderne,
Glisse sans baliverne

Dessus la branche verte
D'un chêne vénérable.
Destin bien peu enviable :
L'âme gît là, inerte !

Nuit lactescente

Vieillir, sans s’inquiéter du temps qui s'accumule,
En cette heure perdue au ventre de la nuit,
Quand le laiteux frimas, sur la tête simule
Un granuleux cristal, qui se répand sans bruit.

Revenir à pas lents sur le sentier qui crisse
Suspendre un bref instant la marche puis saisir
Que ce spectacle exquis est déjà la prémisse
D’un crépuscule bleu, augmentant ce plaisir.

Regagner le chemin qui se blanchit de givre
Et, entre les lueurs des lanternes de cuivre,
Se regarder enfin des éclats dans les yeux.

Etre heureux simplement de sentir cette paix
Investir ce présent, qui rend si merveilleux,
Perché sur ce sapin, un beau merle de jais.

Dans un ciel de faïence aux beaux bleus pastellistes
Un stratus ténébreux menaçait la splendeur
D’un astre étincelant invitant les artistes
A le rendre plus clair sans que ce fût laideur

Des nimbus naissaient en teintes surréalistes
Faits de verts émeraude et lilas de candeur
Mais rien n’y faisait les nues étaient tristes
Tant les cieux s’altéraient et devenaient laideur

L’air était saturé par cette turbulence
D’escarbilles grises dont la pulvérulance
Se mêlait au vent chaud si curieux en hiver

L’Estérel se livrait aux mains des assassins
L’incendie embrasait la terre et ses pins
Et ces langues de feu en effaçaient le vert