Voyage intérieur

je sais, mon coeur, tu es parti
comme un enfant sans terre,
Les yeux fixés vers un rivage incertain,
volant de corps en corps
en exquise et douce maladie.

te posant rarement pour un soir,
tu as rougi du sang des autres,
sans jamais te salir les paumes.
Et de tous les tambours humains,
toi seul a rythmé ma cadence
en écoutant les mornes saisons.

Ô coeur de seigneur au coeur de l'hiver !
rubis dans un écrin d'épine !
tes larmes épaisses ont abreuvé
les terres arides sans soleil,
quand celui qui creuse la mort
a refusé le baiser de l'amour.

le bleu du soir ouvre l'espoir
pour que demain suive demain,
sans fin mais sans aucune certitude
comme un divin recommencement.
rien ne se perd dans le songe du temps,
car la mémoire ne peut effacer
les blessures secrètes de l'âme.

Difficile de rester insensible à ce texte même s'il me demeure mystérieux, car j'ignore et à qui et à quoi il fait allusion. Mais la poésie où tout est donné comme dans un journal intime quasi impudique manque d'épaisseur et je préfère rêver et méditer que de n'avoir à penser à rien. Malgré cette absence et sans nul doute aussi à cause d'elle, l'émotion "passe". Le vers qui résumerait à mon sentiment l'expression des tourments qui traversent ce poème à la manière d'inquiétantes nuées pourrait être celui qui vise un "rubis dans un écrin d'épines".

Ca pourrait me faire penser à la perte d'un être cher, même si je ne puis être affirmatif... C'est dit avec beaucoup de pudeur pour ne pas brusquer le repos de l'âme, tel est mon sentiment.
Après, le choix de donner des clés ou pas dans le texte dépend de l'humeur de l'auteur... Parfois, une ou deux relectures suffisent à dégager la substantifique moelle, l'essentiel étant de ressentir une émotion... Ici, la mélancolie prévaut et elle n'est pas feinte.

je suppose que chaque lecteur a sa perception, je vois un être jeune emporté part une maladie, dite d'amour...mais cela n'a pas d'importance et la pudeur est bien plus intéressante en poésie
dernier couplet, avec son "le bleu du soir", est d'une fluidité incomparable.

Un poème est un texte qui prend différente couleur en fonction de la personne qui le lit... chacun y met ses images et les sentiments ressentis sont comme des multiples gouttes d'eau qui nous touchent... parsemées par le nuage poétique...

Phil

j'ai écrit cette poésie, en phase mystique.
Comme certains l'avaient subodoré, cette poésie parle de la crucifixion du Christ, ce rubis dans un écrin d'épine.
Merci à vous tous d'avoir partagé cette prose.

Malheureusement, suite à un différent avec l'équipe modératrice, Phileau ne fait plus partie des nôtres ...