Confession d'un prolétaire (1985)

nb: 1985, ça nous rajeunit pas, hein, Alain.
"fort intérieur", c'est voulu.

Si je pouvais m'enfuir loin, très loin,
Là où la logique n'aurait de règles
Que celles auxquelles je consentirais

Dans ces trois vers un espoir caché ? Dans un poème pas très joyeux, certes, mais "vrai".
J'ai toujours pensé que face aux situations difficiles, le premier réflèxe humain est de fuir. Mais il y a plusieurs fuites possibles : fuir pour éviter les problèmes, leur échapper, et fuir dans l'imaginaire pour garder un peu de courage malgré tout ce à quoi on fait face...
A mes yeux tu as choisi la seconde solution et ça me plaît, tu es bien digne d'être mon père
La fuite dans l'irréel est au réel ce que la cerise est au gâteau. Sans elle la vie serait bien fade 8)

Bonjour numéro9 cette confession est trés profonde et sensible,je l'ai beaucoup aimé .et, en particulier il faut que tu saches que chacun d'entre nous, qu'il soit seigneur ou bien serf, n'a pour vrai refuge, que son fort intérieur.Merci pour ce trés joli partage poétique.
Mon amitié.

Capricorne

1985, ça te faisait quel âge... Ah, quand même ! La question est : si tu devais écrire ce texte aujourd'ui, serait-il le même ? Je pense que oui, sinon tu ne l'aurais pas posté. Déjà une grande révolte et de l'inquiétude sur l'avenir. Prémices d'un futur grand poète plein de talent.

Merci pour vos commentaires, Alain, Gaby, Capricorne, Coeurperdu.
1985, comme je suis de la fin de l'année, je n'avais pas encore 21 ans... et c'est vrai que mes inquiétudes de l'époque se confirment aujourd'hui, d'où la publication de ce poème relativement ancien. Si ma vie privée a évolué dans le bon sens, ma vie professionnelle n'est qu'une errance douloureuse et chaotique, jonchée de faux espoirs et de vraies désillusions. J'ai bien connu quelques personnes intéressantes, mais j'ai rencontré aussi tout ce que la nature humaine a de plus vil, lâche et opportuniste... Bref, si j'avais un bilan à faire à mi-parcours de mes années de cotisations, il serait plus que mitigé. Et maintenant que je suis sans emploi, l'idée de retravailler me donne juste envie de gerber. Si on me demandait aujourd'hui quel métier je voudrais faire, je dirais simplement "casser des cailloux" avec une pioche et pour 2000 euros par mois. Le reste, c'est que des conneries. Le boulot, c'est qu'un putain de mirage qui te fait croire à un putain d'épanouissement, mais au fond, on t'exploite pour trois francs six sous et on se fout bien de ta gueule. Et si un jour, il y a un pot pour ma retraite, j'enverrai chier tout le monde et j'enfoncerai mon poing dans la gueule du premier qui me tendra la main.
En attendant, je tends le dos et j'attends mon heure...
Désolé, je suis un peu parti en vrille. C'est toujours comme ça quand je parle du taf... Je m'énerve!
Encore merci de m'avoir commenté.

Serait-ce une prose en coup de gueule ?
La vie n'est pas facile lorsqu'il faut se battre tout les jours....pour rien.
L'espoir tant désiré se brise comme le vase (sully prud'homme).
que faire lorsque tout est fait ? Doit-on toujours croire en l'avenir ? moi je dis oui car je suis d'un naturel optimiste.
Cher N° 9, cette prose te définit bien, dans tes rancoeurs, dans tes désirs non assouvis. Que puis-je dire sinon qu'il faut toujours croire que ça ira mieux.
Allez, un coup de champ

Merci Phileau pour ce sage commentaire. Je trinque avec toi, à notre santé, et comme tu cites Sully prud'homme, je ne peux m'empêcher de mettre un de ces poèmes ci-joint:

L'usine

"La forge fait son bruit, pleine de spectres noirs.
Le pilon monstrueux, la scie âpre et stridente,
L'indolente cisaille atrocement mordante,
Les lèvres sans merci des fougueux laminoir,
Tout hurle, et dans cet antre, où les jours sont des soirs
Et les nuits des midis d'une rougeur ardente,
On croit voir se lever la figure de Dante
Qui passe, interrogeant d'éternels désespoirs."

hello numero9!
ton texte m'a beaucoup touché car il révèle une forte souffrance et une rancœur envers la vie, je dis souvent que quand on veux on peux, mais peut être parce que je suis une battante et je ne laisse pas faire ce qui est souvent une mauvaise chose, quand tu dis que le travail ne t'as pas apporté satisfaction et que l'évolution a été "stoppé", cela arrive très fréquemment car souvent nos patrons ne considèrent pas leurs employés comme des êtres humains mais comme des animaux qu'on tient en laisse, il faut tomber sur une personne qui a le sens des valeurs et qui nous considère comme des êtres humains, heureusement que nos pensées sont la pour nous évader et voir la vie autrement.
bisousssssssssssss

bonjour Numéro9
plus qu'un cri du coeur... une profonde haine dans ta souffrance...
amicalement
Libellule.

Bonjour Numero9,

Le poème sur ton pot de départ à la retraite où tu casses la gueule à tous ceux qui te tendent la main, il devrait être pas mal non plus, de l'avoir prise, de l'avoir vu battre, ça donne envie de la claquer cette porte...

Il y a des poèmes à murmurer, il y en d'autres comme celui là.

salut sacré numéro....
cette "rage" me ramène quelques années en arrière,
à un moment de ma vie où j'étais sans boulot,et juste 400 balles
pour nourrir femme et enfant,et quand je dis 400 balles,ce n'était pas
des euros!et "gracieusement" offerts par l'assistante sociale!!
j'avais la haine contre toute la société et ceux qui la dirigent et qui la
composent;et plus je plongeais avec ma petite famille dans cette "rage"
désespérée,et plus l'envie de poser des bombes partout,de sombrer dans
la violence me paraissait la seule raison valable.."d'exister";
dur,dur,quand on en est là...
je pouvais voir les infos sans être touché par ce qui se déroulait dans le monde!
puis,après un bon coup de pied dans le moral,et quelques galères pour réapprendre
à bosser avec les ..autres,et quelques autres petits drames de la vie d'un mec
"d'en bas",j'ai remonté la pente,trouvé un job où je gagne une misère mais
où on me fout la paix la plupart du temps,et..je suis assez fier d'avoir pu donner
bonne éducation et les moyens d'étudier à mes gosses,dans l'immense espoir
qu'ils ne connaissent jamais les galères que j'ai connu et les idées "terroristes"
nées de cette misère économique et morale;
bon..là,je raconte un bout de ma vie..désolé!c'était juste histoire de dire que je comprends très bien ton point de vue sur "la valeur du travail" qui n'a de valeur
que les bénéfices qu'elle peut apporter à ceux qui .."ordonnent";
mais..faut bien bosser pour grignoter,et..voir plus loin...!!ben oui!!!!
et je te souhaite de trouver un "job" qui te convienne,car d'après mon expérience
perso,rien n'est plus mauvais que d'avoir trop de temps pour.."cogiter"!!
ciao!à+ le numéro

Merci pour tous ces bons conseils, Rebel. Pas plus tard qu'aujourd'hui, une boîte intérim m'a proposé un job. Le temps d'arriver là-bas pour refiler quelques "paplars", la donne avait déjà changé, ils doivent me rappeler demain pour me dire oui ou non...
A tous les coups, ça va tourner au vinaigre.
De quoi me donner le temps et les raisons d'astiquer mon AK47...

David, je ne suis toujours pas sûr de bien te comprendre, mais je crois qu'avec toutes ces portes, on va pouvoir reformer les "Doors"...

A++

sois comme un bastion : imprenable ! puisque dans ton for intérieur tu te sens si fragile.
IL est des moments dans la vie où seule la fuite des jours est certaine, puisque le reste nous échappe

et puis....juste pour plaisanter bien sûr : la preuve que le travail rend malade, c'ets qu'il existe bel et bien une "médecine du travail " ..???

Le pays du nonsense existe. Peut-être faut-il traverser la Manche pour le rejoindre et y retrouver Lewis Carroll et sa chère Alice. Mais les surréalistes aussi, sans quitter la France, le parcourent volontiers.
Dans ce texte à la colère légitime heureusement subsiste l'espoir d'un changement vers un mieux, luit "comme un brin de paille". Bon courage.

Un coup de gueule que j'approuve à 100%, et des commentaires tous aussi poignants et vrais!

"Un outil qu'on utilise et puis qu'on jette
jusqu'au jour béni du repos éternel"...

Tellement vrai ...à méditer!!!

Merci Capucine d'avoir exhumé ce poème et merci à toi aussi, Verlant...

la condition humaine du prolétaire
notre société est ainsi faite sur l'espoir que chaque génération à suivre fasse surgir
enfin
le meilleur de l'homme
et pas le plus vil
l'espoir
j'ai la foi en l'homme capable du meilleur et du pire
au pire
une nouvelle espèce prendra la relève
nous sommes loin d'être, nous les hommes, les plus aptes à respecter notre maison "la terre"
alors
on verra
poème de notre époque
le poète est témoin
bravo numéro 9
domi

Merci Domi. Epoque lointaine, certes, mais toujours d'actualité. Aujourd'hui, mon fils me regarde et pleure, c'est vrai, mais seulement à l'idée d'être privé da sa nouvelle console...; ça, je ne l'avais pas prévu.
Joyeuses fêtes.